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10 mai 2012

Décès de Maurice Sendak

Pour rebondir au commentaire de Sylviane concernant la mort de Maurice Sendak, voici quelques éléments :

Informations glanées dans Libération , le Nouvel Observateur , le Figaro et La-Croix

Maurice Sendak, célèbre auteur et illustrateur américain, s’est éteint ce mardi 8 mai à l’âge de 83 ans. Dans ses contes, il avait su montrer que l'existence est aussi angoissante pour les petits que pour les grands.

Deces-de-Maurice-Sendak-l-auteur-de-Max-et-les-Maximonstres_article_main_largeMaurice Sendak avec l'un de ses personnages, en 1985.

L’auteur et illustrateur américain pour enfants Maurice Sendak, surtout connu pour son ouvrage Max et les Maximonstres, est décédé mardi à 83 ans, a-t-on appris auprès de sa maison d’édition Harper Collins. Il est mort à Danbury de complications d’une congestion cérébrale, a précisé la maison d’édition dans un communiqué.
Selon le New York Times, il restera comme l’auteur ayant « dégagé les livres illustrés du monde aseptisé et rassurant de la garderie d’enfants, pour les plonger dans les recoins sombres, effrayants et magnifiques de la psyché humaine».

 «Les contes disent sur la vie des choses que les enfants savent d'instinct», avait -il déclaré au magazine Rolling Stones, en 1976.


Un des plus grands mérites de Sendak est de n’avoir jamais contracté cette maladie qui frappe beaucoup d’auteurs de livres pour la jeunesse, cette idéalisation gagatisante de l’innocence des petits. Le « New York Times» raconte qu’il n’hésite jamais à se moquer des lettres ridicules que les écoliers lui envoient sur ordre de leurs maîtresses. Les mômes de ses contes ressemblent aux vrais enfants. Ils sont égocentriques et insupportables, comme les monstres qui peuplent leurs chambres.


Avec « Max et les Maximonstres», Sendak rappelle aux adultes que les enfants sont comme eux : ils sont terrifiés sans savoir ce qui les terrifie, ils tentent eux aussi de survivre. Ils savent que les hommes meurent, et qu’avant de mourir ils ne vivent pas vraiment. Ils sont eux aussi tiraillés entre la recherche d’une aventure qui vaille d’être vécue et la peur de perdre le petit confort que le destin leur a accordé.
Les enfants aussi savent que l’amour est une drôle de chose. Dans « Quand papa était loin», une fillette nommée Ida a la charge de sa petite sœur. Celle-ci se fait kidnapper par des gobelins. Ida part à sa recherche, mais à contrecœur. Elle l’oublie d’ailleurs vite et ne pense qu’à s’amuser dans son arrière-monde fantasmagorique. Les gosses de Sendak sont frappés par une mélancolie inexplicable. Comme son petit Max, ils veulent être aimés mais savent qu’ils ne le seront jamais que par eux-mêmes. Comme son petit Pierre, ils se foutent de presque tout et ne se privent pas de le dire.

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Découvrez une lecture imagée de l'album

en savoir plus avec

Feuilleter le numéro spécial de l’École des lettres, Maurice Sendak et ses Maximonstres

Consulter le sommaire détaillé et télécharger les articles du numéro spécial de l'écoles des lettres Maurice Sendak et ses Maximonstres.

Une lecture psychanalytique de Max et les maximonstres de Maurice Sendak par Maria Teresa Sá sur Cairn.info

« Max et les Maximonstres» («Where the Wild Things Are»), sorti en 1963 et traduit dans de nombreux pays, est considéré comme l’un des plus grands classiques de la littérature américaine pour enfants. Il décrit les aventures imaginaires d’un petit garçon nommé Max, que sa mère envoie se coucher sans dîner. Furieux, Max, qui porte un costume de loup, part alors dans un voyage imaginaire qui va faire de lui le roi des Maximonstres, dans une île peuplée de monstres aussi drôles que cruels avec lesquels il fait une fête « épouvantable».



Mais le petit garçon finit par choisir de quitter ce royaume pour retourner dans sa chambre. À sa sortie, cet album avait été jugé par certains transgressif car trop sombre et inquiétant pour des enfants. En France, la psychanalyste Françoise Dolto l’avait au départ déconseillé. Preuve de l’importance de l’œuvre de Sendak dans la culture populaire américaine, le président Barack Obama avait lu à voix haute et avec force mimiques « Max et les Maximonstres» le 9 avril dernier à des enfants lors de la traditionnelle chasse aux œufs de Pâques à la Maison Blanche.

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Le président américain Barack Obama, lors d'une séance de lecture de «Max et les maximonstres» de Maurice Sendak à la Maison-Blanche (DR)

« Max et les Maximonstres» a fait l’objet de nombreuses adaptations, dont un opéra pour enfants, deux dessins animés et un film de Spike Jonze en 2009. Il avait reçu la Médaille Caldecott en 1964, qui récompense aux États-Unis le meilleur ouvrage illustré pour enfants.


Max et les maximonstres - Bande-annonce en VF

En 2009, Spike Jonze et Dave Eggers adaptent « Max» au cinéma et réactualisent l’univers très sixties de Sendak. C’est une adaptation intelligente, à la fois libre et fidèle. Les deux artistes comprennent que la mort est au centre du récit : on y voit Max somnoler à l’école et sortir de sa torpeur lorsqu’il apprend que soleil va mourir – et que l’humanité disparaîtra avec lui.

Parmi la cinquantaine d’œuvres qu’il a produites, Maurice Sendak est aussi l’auteur de « Cuisine de Nuit» («In the Night Kitchen») paru en 1970, et parfois censuré parce qu’il montre un petit garçon nu.
 

max

Sendak, qui à partir des années 70, s’était également lancé dans la réalisation de décors de théâtre, opéras ( voir ) et ballets, était né à Brooklyn, de parents juifs polonais. Il aurait décidé de devenir illustrateur de livres pour enfants après avoir vu le film de Disney « Fantasia» à l’âge de 12 ans. Il avait grandi très marqué par la Shoah, dans laquelle une partie de sa famille était morte.
Ainsi, Maurice Sendak avait hérité d’une double culture. Son père, conteur inspiré, lui avait transmis un riche patrimoine d’histoires orales d’Europe de l’Est, tandis que le petit Américain, né dans la Brooklyn populaire la même année que Mickey, avait aussi su faire son miel d’une culture populaire, mariant cinéma et bande dessinée.



DES PERSONNAGES FORTES TÊTES ET MALICIEUX


Par le dessin et la psychanalyse, Maurice Sendak avait surmonté les vicissitudes d’une enfance mélancolique, marquée par la maladie, l’exil et les grands désastres du siècle – crise de 1929, Seconde guerre mondiale, génocide juif qui frappa sa famille. « Tous mes livres sont une tentative pour recréer mon enfance, pour l’améliorer et trouver les solutions qu’autrefois je n’ai pu découvrir », confiait-il.
Fortes têtes, souvent révoltés, les petits personnages de ses histoires – « Max », « Pierre », « Rosie » – sont aussi malicieux, audacieux et plein d’énergie. Avec eux, Maurice Sendak explorait les sentiments inquiétants de l’enfance, peurs, colère, jalousie, solitude, frustration, invitant ses jeunes lecteurs à apprivoiser la violence du monde et leur agressivité intérieure. Il ne le faisait jamais sans tendresse, aiguillonné par une vitalité que son trait vigoureux traduisait superbement.


IL AIMAIT DESSINER AU CLAIR DE LUNE


Issu d’une famille pauvre, juif, homosexuel – il vécut un demi-siècle avec le psychiatre Eugène Glynn –, Maurice Sendak se sentait lui-même toujours en dialogue avec la marginalité. Il vivait dans le Connecticut, à une heure de New York, en pleine forêt. Dans cette atmosphère de solitude, il aimait dessiner à la tombée de la nuit, lorsque la Lune, qui berce si magnifiquement les aventures de Max, éclaire d’une autre lumière la réalité… Il appréciait les longues promenades avec ses chiens, mais aussi Mozart et l’Opéra, pour lequel il avait réalisé des décors.
« Bumble-Ardy», sorti en septembre 2011, le premier depuis une trentaine d’années, raconte l’histoire d'un enfant-porc dont les parents ont été mangés, et qui s’organise une fête d’anniversaire démente.


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Son œuvre, composée d’une cinquantaine d’ouvrages, avait reçu de nombreuses récompenses, dont le prix Andersen, surnommé « le petit prix Nobel » de la littérature pour enfants, en 1970. Prenant, comme Max, la barque du départ, Maurice Sendak ne l’a pas fait sans un ultime clin d’œil à ses lecteurs. Il a écrit et illustré un poème sur l’amour qu’il porte à son frère Jack « Le livre de mon frère », qui paraîtra en février 2013 aux États-Unis… Il sait qu’il va mourir. Il dit : « Je suis prêt.»

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