La chronique du Festival : Jour 3
Chronique du 3e jour (jeudi)
Ce soir, en rentrant du « Palais » après la dernière séance de la journée, j’allume la télé et je tombe sur la diffusion du formidable film de Steven Spielberg « La liste de Schindler ». Ce hasard des programmations d’un festival de films de comédie et des reprises de films à la télévision m’interroge sur les limites de la comédie. Cette question me revient d’autant plus forte après une réflexion entendue dans une file d’attente à propos du film belge d’hier « Hasta la vista » : « Ce film n’a rien à faire dans une sélection de films de comédie. C’est un sujet trop grave pour en faire une comédie ! »
Ce débat, rappelez-vous, avait déjà provoqué des positions contrastées après la Palme d’Or à Cannes en 1997 du film de Roberto Begnini : « La vie est belle », sujet (la déportation et la vie dans les camps d’extermination) on ne peut plus dramatique traité sous forme de comédie. Celui-ci aurait-il eu sa place à l’Alpe d’Huez ?
Loin de moi l’idée de trancher dans ce débat mais il faut remarquer qu’il est très actuel. Après les « Intouchables » présentés aux lycéens mercredi, deux films de la sélection traitent du problème des handicapés et de la tolérance : « Hasta la vista » et « Starbuck », présenté aujourd’hui. Même l’innocent « Nos plus belles vacances » abordait la question de l’image sévère des paysans et artisans bretons. Peut-on rire de tout et de tout le monde, différent de nous ? Éternel débat. Ici, à l’Alpe d’Huez, on peut sans doute se satisfaire de la qualité et du talent des réalisateurs et des acteurs.
À propos de « Starbuck », très bon et original film canadien, je l’ai vu comme un candidat sérieux pour le Grand Prix mais, de mon point de vue, moins fort émotionnellement et cinématographiquement que « Hasta la vista ».
Pour finir la soirée, une comédie plaisante et drôle : « Il était une fois, une fois » Même si le scénario est quelques fois un peu tiré par les cheveux, le rire est là et cela fait du bien après mes propos bien sérieux de ce soir.
A demain…..si vous le voulez bien.
André TEILLARD
Et pour compléter, le petit aperçu de la vie autour du festival : aujourd'hui, les expositions et les micro-trottoirs
Instants de stars : l’exposition de photographies de Catherine Vinay.
Ses « carnets d’une photographe infiltrée » sont l’œuvre d’une passionnée de cinéma qui depuis 1986 n’a manqué aucun festival de Cannes. Sans accréditation, donc toujours un peu décalée, Catherine Vinay a réussi à saisir les stars hors séances photo et photo-calls. « Il y a une part de ténacité, avec des heures d’attentes pour essayer d’apercevoir un acteur ou un réalisateur que j’aime, mais il y a aussi le hasard qui fait que l’on peut rencontrer Coluche en short et avec un nœud rose dans les cheveux à 9 h 00 du matin ! C’était un mois avant sa disparition. Il faut chercher les moments de transferts quand les stars vont d’un endroit à un autre ». Deux séries se dégagent ainsi de cette exposition. La première est composée de petits formats, les cortèges comme elle les appelle, quand les stars sont à l’abri dans leur voiture. « Leur degré de célébrité se mesure à l’ouverture de la vitre » plaisante la photographe, qui capte en une fraction de seconde un regard dans le vague ou au contraire un sourire complice. Et puis il y a les grands formats, les portraits, dont elle explique par de petits textes, l’histoire. Car chaque cliché est un moment rare. Il y a Monica Bellucci qui panique au téléphone car elle a 20 minutes de retard. Il y a Francis Coppola qui marche tranquillement sur la croisette, personne ne pouvant croire que c’était lui… « Je cherche des photos naturelles, dans les attitudes des gens mais aussi dans le tirage : elles sont toutes en argentique et sans aucune retouche » précise Catherine Vinay. « J’ai attendu 1 an et demi pour pouvoir exposer ici, au moment du festival de l’Alpe d’Huez, parce que je trouvais que cette exposition aurait du sens à ce moment-là. Maintenant, j’espère en profiter pour photographier d’autres stars, cette fois-ci dans la neige ! ». Alors, entre deux films, prolongez la magie du festival en découvrant cette exposition, tous les jours jusqu’au 28 janvier au Palais des Sports et des Congrès salle d’exposition au 1er étage.
Catherine Vinay vous attend tous les jours pour raconter petites histoires et anecdotes autour du cinéma
Cinémaréchaussée : les gendarmes font leur cinéma
Certains se demandent, intrigués, pourquoi des gendarmes se tiennent dans le hall du palais des Sports et des Congrès depuis le début du festival. Il suffit de se rapprocher pour découvrir que les gendarmes font eux aussi leur cinéma ! En effet, une exposition présente en une centaine de photos, d’extraits de films et d’affiches, l’évolution de la gendarmerie vue par le septième art depuis 1899 jusqu’à 1992. Ainsi, aux côtés de l’incontournable série du « Gendarme à Saint Tropez », on peut découvrir une photo tirée du film de Georges Méliès, « L’affaire Dreyfus », mais aussi « La veuve Couder », ou encore « Les Visiteurs ». D’ailleurs les gendarmes espèrent bien que Jean Reno, attendu en fin de semaine, leur rendra une petite visite… Allégret, Chabrol, Clouzot, Pagnol, Oury et bien d’autres réalisateurs ont mis en scène la gendarmerie nationale et l’on suit ainsi le sévère gendarme devenir de plus en plus sympathique, oscillant toujours entre caricature et hommage. À travers cette rétrospective itinérante qui parcourt toute la France, la gendarmerie veut montrer qu’elle ose rire d’elle-même, rompant ainsi avec les clichés et les préjugés attachés à son image. D’ailleurs, le gendarme Patrick Costanti qui anime cette exposition n’hésite pas et raconte comment la veille il a fait rire Franck Dubosc qui passait en lui lançant « Alors, on n’attend pas Patrick » ! Pas de doute, les gendarmes ont trouvé leur place au festival…
Aux côtés du gendarme Costanti, deux réservistes très attachés à cette exposition : l’Adjudant-chef Pascalin et le Major Lardeux. Ils parcourent tout le département pour donner une autre image de la gendarmerie nationale et sont venus s’intégrer naturellement dans cette semaine du rire à l’Alpe d’Huez.
Ambiance dans les files d’attente du Festival
Mardi, cérémonie d’ouverture, devant le Palais des Sports : Dany Terliska
« Je viens depuis le 1er festival. À l’époque, nous étions une vingtaine de spectateurs, devant le cinéma Le Signal. Aujourd’hui, nous sommes plus nombreux… Je fais la queue depuis 18 h 00, mais j’aurais dû venir 1 h 00 plus tôt. J’espère pouvoir quand même rentrer, j’aime bien être dans l’ambiance de la grande salle, ça vaut le coup d’attendre. Et puis, ils ont quand même bien amélioré les choses, et la gratuité, c’est quand même le plus de l’Alpe… »
Mercredi, jour des invitations, devant le Palais des Sports : Catherine Masure
« J’ai eu de la chance, j’ai eu une invitation par une amie. J’avais envie, par curiosité, de voir les équipes présenter leurs films. Les années précédentes, j’allais aux séances de 22 h 00, parce que j’ai essayé une fois pour 20 h 00, mais faire la queue pour finalement ne pas pouvoir rentrer, ça refroidit ! Ce soir, il y a même le vin chaud offert pour se réchauffer, c’est sympa… Je trouve que le festival est important pour la station, enfin quelque chose de culturel. »
Jeudi, rediffusion à 16 h 00 au Signal : Catherine Huard au milieu de la file d’attente a du mal à se faire entendre
L’équipe du film précédent fait encore des photos… Dehors, peu de monde et tous veulent donner leur avis : « La double séance à la même heure devrait être mieux signalée » ; « C’est bien la gratuité, mais on a l’impression de faire bouche-trou. Il faudrait déterminer un nombre de places gratuites, afin de bloquer la queue et éviter aux gens d’attendre pour rien » ; « C’est vrai qu’avec toutes les rediffusions, on a la possibilité de voir les films sans problème. Et on est quand même dans l’ambiance, Omar vient de passer, ainsi que Drucker! ».