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Livres et Palabres
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1 novembre 2016

L'art en Palabres de novembre : l'art de la flemmardise !

Après le championnat du monde de cache-cache en Italie (que les Français ont remportés cette année voir là), après les championnats de moustaches dont nous avions parlé , et autres championnats insolites ici ou ou encore , voici un concours de "rester couché" était organisé le 15 octobre au Monténégro.

Organisé à Donja Brezna, dans le nord du pays, ce concours unique en son genre a lieu chaque année, depuis cinq ans. Mais n’est pas feignant qui veut car le mot d’ordre a beau être de ne rien faire, les règles sont strictes et le niveau impressionnant.

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Les candidats ont pour mission de rester le plus longtemps possible allongés sur un matelas en mousse, fourni pour l’occasion. Sur sa page Facebook, Etno Village, le club de vacances qui organise la compétition explique : « Il faut rester allongé sans se lever, même pas pour aller aux toilettes. Mais il est autorisé de manger, de dormir, d’utiliser son ordinateur ou son smartphone. » La principale difficulté est donc de résister à l’appel des WC…



Le flemmard vainqueur touche 200 euros de récompense pour son apathique performance. Les participants en deuxième et troisième position ne reçoivent pas d’argent mais se voient offrir un repas copieux dans un restaurant local.


L’an passé, c’est un bosnien qui a remporté la palme d’or de la glandouille avec 33 heures et 30 minutes passées sans rien faire. Mais malgré cela, il n’a pas pu détrôner un certain Marko Djurovic qui détenu en 2014 le record de l’homme le plus fainéant avec 37 heures passées en glandouillant.
Malheureusement, les organisateurs n’ayant pas encore annoncé sur les réseaux sociaux le score du gagnant de cette année, on ne peut pas savoir si le record a été battu.


Et puisque cette année, la compétition a démarré la veille des élections parlementaires au Monténégro, les organisateurs un brin taquins ont invité "tous les représentants des partis politiques à venir participer à la compétition pour se reposer un peu et empocher de quoi rembourser leurs frais de campagne".

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Mais l'art de ne rien faire peut être pris très au sérieux

L'art de la flemmardise a été décrypté dans "On est fait pour s'entendre" sur RTL le 8 février 2016

La paresse est sûrement le péché capital auquel on prête le moins d'attention. L'oisiveté, signe d'un statut social élevé à l'époque romaine, n'est plus aujourd'hui qu'un vilain défaut. Toutefois, certains font de la résistance et de nouveaux concepts voient le jour, comme la "Slow Life", qui laisse notre propre tempo nous guider. Si des penseurs tels Newton, Descartes ou Archimède ont eu leurs plus grandes révélations assis, comment ne pas encourager la flânerie et la procrastination ? L’oisiveté mérite-elle réellement d’être un péché capital et d’avoir si mauvaise presse ? La paresse n’a-t-elle pas quelques vertus ?

 

Et pour l’historien André Rauch, l’art de ne rien faire, talent mal reconnu aujourd’hui, peut pourtant servir de moteur dans la vie et affirme même que «LA PARESSE A ÉTÉ UNE FORCE RÉVOLUTIONNAIRE» !
Par Marie-Joëlle Gros le 14 novembre 2013 dans Libération

En faire le moins possible en attendant la retraite. S’adonner aux grasses matinées, toute la journée. Buller, autant que faire se peut, en laissant les autres s’agiter. C’est la règle de vie du paresseux. Un nuisible aux yeux de ceux qui voudraient lui botter le train ; un rebelle en lutte contre les cadences infernales pour ceux qui rêvent de l’imiter.

Il existe des vertus à paresser, soutient l’historien André Rauch qui y consacre un ouvrage, Paresse, histoire d’un péché capital. Pour décrypter ses représentations dans l’art, la littérature, bref, dans nos imaginaires, l’auteur n’a pas ménagé ses efforts. L’entreprise était risquée : «mentionner une thèse sur la paresse dans son CV n’aide pas à obtenir immédiatement un poste universitaire», souligne André Rauch. C’est un tort car le sujet ne recouvre pas un état futile et univoque, vite brossé, bien au contraire. Oisiveté, nonchalance, indolence, langueur… la paresse est tout cela à la fois. Pas seulement «l’oreiller du diable», un péché majeur, mais peut-être aussi un trait de caractère, une faute morale, voire une souffrance intérieure.

Epuisant ? Tel Alexandre le Bienheureux s’adressant à son fidèle compagnon, offrons-nous une petite pause :«Bouge pas comme ça, chien, tu me fatigues. […] Tiens, je m’en roule une, puis je vais me la faire moi-même, puis je vais prendre le temps de me la faire, puis je vais prendre le temps de me la fumer, puis je vais prendre le temps d’en profiter, et puis je vais prendre le temps.» Oui, prenons le temps d’un entretien pour tirer au flanc en connaissance de cause.

Paresser, est-ce toujours pécher ?
Le travail occupe aujourd’hui une telle position dominante que la paresse est réduite à l’oisiveté. Elle menace la prospérité d’une famille, le succès d’une entreprise ou la richesse d’une nation. Dans un monde où rien ne s’obtient sans le travail et la ruse, «la paresse est une faiblesse, une bêtise, une faute, une erreur de calcul», écrit par exemple le philosophe Raoul Vaneigem (dans Eloge de la paresse affinée, 1996).

Mais chaque époque a son paresseux. Au Moyen-Age, on parlait d’acédie. L’acédiaque, c’est le moine qui abandonne la prière. Attaqué par le démon, il renonce à lutter contre les mauvaises pensées. C’est un déserteur qui trahit sa foi.

La paresse a-t-elle une essence, est-elle bonne ou mauvaise ?
Tout dépend de celui qui parle. Si la paresse est ce moment privilégié lors duquel nous cessons de nous précipiter et de remplir notre emploi du temps pour laisser mûrir notre réflexion, alors elle est vertueuse. Dans le Diable au corps (paru en 1923), Raymond Radiguet a cette formule : «Si la jeunesse est niaise, c’est faute d’avoir été paresseuse.»

Elle peut donc servir de moteur dans une vie ?
Oui, et il suffit de relire l’incontournable pamphlet de Paul Lafargue, le Droit à la paresse, au début des années 1880, pour s’en convaincre. Membre de la Première Internationale et fondateur en France du Parti ouvrier, il prévient la classe des prolétaires : le travail effréné «est le plus terrible fléau qui ait jamais frappé l’humanité».

Si la paresse était jusque-là un refus individuel, elle devient la force révolutionnaire de tous les condamnés au travail forcé, car le travail n’enrichit pas toute la société, loin de là. La fortune que réalisent certains actionnaires et chefs d’entreprise oisifs appauvrit ceux qui produisent ces richesses. «Travaillez, travaillez, prolétaires, pour agrandir la fortune sociale de vos misères individuelles», clame-t-il avant de lancer cette invocation : «Ô Paresse, prends pitié de notre longue misère ! Ô Paresse, mère des arts et des nobles vertus, sois le baume des angoisses humaines !» Avec lui, la paresse n’est plus mère de tous les vices, mais vertu politique.

A croire que la paresse est de gauche...
Pas vraiment. Au cours de l’histoire, elle a basculé d’un camp à l’autre. Rappelons cependant que les Lumières ont condamné l’aristocratie qui s’accordait le privilège de ne pas avoir à travailler, peut-être s’inspirait-elle encore des rois fainéants.

Est-elle une garantie de bonheur ?
Non, car il n’y a pas que des paresseux heureux. Sans pays de cocagne, le paresseux souffre, il est mélancolique, amer, misanthrope. Il peut sombrer dans un abattement profond, un accablement venu d’on ne sait où et qui attaque à l’improviste. De cette bile noire, de cette mélancolie, quelques-uns sauront en faire une force créatrice, comme Baudelaire. Mais le bonheur…

Aura-t-on encore un jour le droit de paresser ?
Depuis l’invention et le succès des loisirs actifs, aux cadences elles aussi soutenues, la langueur est devenue l’allégorie contemporaine de la paresse. Elle conjugue apathie, passivité, désenchantement. On l’illustre souvent par le sommeil mais il n’a rien à voir avec les siestes crapuleuses des paysages impressionnistes. Ce sont des somnolences de la résignation, de la capitulation. Tout comme il faut savoir «désenchanter le travail», selon une expression de la sociologue Dominique Méda, pour jouir du repos sans culpabilité, il est nécessaire aussi de s’affranchir des prescriptions de la société des loisirs.

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